The Incident OVNI est un téléfilm de John G. Fuller qui raconte la vraie histoire de Betty et Barney Hill qui, après avoir observé un ovni une nuit de septembre 1961, durent faire appel à l’hypnose pour recouvrer leurs souvenirs.
En 1961, Barney Hill était un homme de 39 ans qui travaillait pour les Services Postaux américains et sa femme Betty, âgée de 41 ans, était directrice du département de protection de l’enfance. Ils s’étaient mariés le 12 mai de cette même année mais Barney avait du attendre quelques mois que sa mutation soit acceptée avant de pouvoir rejoindre sa nouvelle épouse à Portsmouth, aux États-Unis. Pour une meilleur compréhension de certains détails de l’histoire il faut souligner que Betty et Barney formaient un couple mixte, ce qui n’était pas forcément accepté par tous à cette époque.
Betty et Barney
Comme ils n’avaient jamais eu de lune de miel, le 15 septembre, Barney avait demandé quelques jours de congé afin de faire une surprise à sa femme, pensant lui faire visiter Montréal et les chutes du Niagara. Sa demande avait été accordée et le samedi 16 septembre au matin ils étaient partis en voyage, emportant avec eux leur chien Delsey. Le 17, ils pensaient dormir à Montréal mais alors qu’ils roulaient vers la grande ville, Barney s’était trompé de route et lorsqu’il s’en était aperçu, il était déjà trop tard pour faire demi-tour. Il avait continué vers l’est pendant un moment puis la radio avait annoncé une tempête tropicale, et Betty, inquiète, avait proposé de rentrer à Portsmouth avant d’être coincé par le vent et la pluie. Ils avaient décidé de rouler aussi longtemps qu’ils le pourraient, et de s’arrêter pour la nuit dans un motel du New Hampshire lorsqu’ils se sentiraient trop fatigués.
Dans la soirée du 19 septembre 1961, la tempête n’avait pas toujours pas atteint le littoral. Betty était assise sur le siège passager de la Chevy 1957, regardant la pleine lune et les étoiles illuminer les collines endormies quand soudain, elle aperçut quelque chose dans le ciel qu’elle prit tout d’abord pour une chute d’étoiles. Puis, comme l’objet s’arrêtait et remontait légèrement, elle se dit que c’était là sa première observation d’un satellite. Son père était un passionné de recherche spatiale et souvent il sortait la nuit pour tenter d’en apercevoir mais jamais elle ne l’avait rejoint dans cette singulière activité. Puis la chose bifurqua avant de remonter vers la lune, piquant son intérêt, et Betty proposa à son mari de s’arrêter sur le bord de la route afin qu’il puisse l’examiner lui-aussi.
Alors qu’elle passait les jumelles à son mari, soudain l’objet changea de cap une nouvelle fois, semblant se diriger vers eux. Barney avait déjà prévu d’expliquer à sa femme qu’elle observait un avion mais prenant les jumelles il révisa bientôt son jugement. Ils restèrent un moment là, perplexes et fascinés par l’objet qui changeait rapidement de direction, montait et descendait verticalement ou planait dans le ciel. Ce phénomène mystérieux attisa la curiosité de Barney, qui ne croyait pas du tout aux soucoupes volantes et lorsqu’il reprit la route il ruminait intérieurement sur le sujet, cherchant à déterminer la nature de l’objet. Ils continuèrent leur chemin sur la Route 3, ralentissant parfois pour observer l’engin silencieux qui semblait jouer au chat et à la souris avec eux. Puis, juste après le virage d’Indian Head, une formation rocheuse de granit dessinant le profil d’un amérindien, ils aperçurent un disque circulaire qui planait silencieusement à 25 ou 30m au-dessus de leur véhicule. Barney s’arrêta rapidement au milieu de la route puis il saisit ses jumelles et ouvrit sa portière. Avant de sortir, il saisit l’arme de Betty qu’il avait pris soin de mettre dans la boite à gants puis il commença à avancer vers la soucoupe.
L’engin était énorme, il faisait bien 20 mètres de diamètre et il présentait une double rangée de fenêtres rectangulaires. Barney marchait toujours quand deux étranges feux rouges situés sur ce qui semblait être des ailettes se tournèrent vers lui. Il s’arrêta brusquement et portant les jumelles à ses yeux il aperçut un groupe d’humanoïdes qui se déplaçaient avec une rigueur quasi militaire. Habillés d’uniformes noirs qui ressemblaient à du cuir brillant, ils portaient également des chapeaux de la même couleur et ne faisaient preuve d’aucune émotion. Mais, alors que la soucoupe s’inclinait et commençait à descendre, Barney remarqua que l’une des créatures le regardait fixement à travers le hublot puis brusquement une voix retentit dans sa tête, l’invitant à s’approcher et lui assurant qu’aucun mal ne lui serait fait. Prenant soudainement conscience du danger, il s’empressa d’arracher les jumelles de son visage et courut vers la voiture. Essoufflé et tremblant, il dit à Betty qu’il leur fallait partir immédiatement. Une fois sur l’autoroute, alors que Barney accélérerait pour tenter d’échapper à l’engin, celui-ci passa juste au dessus d’eux et ils sentirent une vibration pénétrante. Ils roulèrent sans dire un mot jusqu’à ce que quelque part sur la route, s’élèvent des bourdonnements… Puis… de vagues souvenirs d’avoir rencontré un obstacle, de voir une énorme boule rouge-orange se poser sur le sol et de sentir une créature tenter d’entrer en contact avec eux. Comme Barney voulait prévenir la police, en traversant Concord, ils cherchèrent une cabine téléphonique ou un restaurant ouvert, mais ce fut en vain. Ils décidèrent alors de foncer vers Portsmouth, prévoyant d’y arriver 3 heures plus tard. Quand ils atteignirent la ville, l’aube commençait à éclairer le ciel.
Représentation du vaisseau par Barney
En arrivant chez eux, ils s’assirent à la table de la cuisine et commencèrent à discuter. Ils se sentaient détendus, très calmes, mais ils doutaient presque de ce qu’ils venaient de voir. Après avoir pris une douche, Barney et Betty essayèrent de dormir un peu et quand ils se réveillèrent, étrangement, ils eurent l’impression que les créatures étaient toujours là à les observer. Ils regardèrent le ciel par les fenêtres, puis Barney se rendit sous le hall à l’arrière de la maison mais il se mit à pleuvoir et il se dépêcha de rentrer les bagages qu’il avait laissés là.
Un peu plus tard, Betty commença à se sentir nerveuse. Elle décida alors de téléphoner à sa sœur Janet, estimant qu’elle était la seule à qui elle pouvait raconter son histoire sans préjudice. Après l’avoir écoutée attentivement, sa sœur lui annonça qu’elle la rappellerait. Cherchant un avis éclairé, Janet téléphona à sa voisine, dont le mari était physicien, mais à ce moment-là apparut le chef de la police de Newton, un ami de la famille, qui lui expliqua que toutes les observations d’ovnis devaient être signalées à la base aérienne. Quelques instants plus tard, Janet contacta sa sœur pour lui rapporter les conseils qui lui avait été donnés. Son voisin, le physicien, avait suggéré que Betty procède à une simple expérience à l’aide d’une boussole. Elle devait juste placer l’instrument près de la surface métallique de la voiture, à plusieurs endroits, et rapporter ses observations à Janet.
Barney refusa d’y aller, disant qu’il essayait d’oublier ce qui venait de se passer, mais Betty prit la boussole et sortit seule sous la pluie, sans savoir vraiment ce qu’elle cherchait. En approchant du véhicule, elle remarqua de nombreuses petites taches bizarres sur le coffre et prise d’une inspiration soudaine, elle posa la boussole près d’elles. A ce moment-là, l’aiguille se mit à tourner follement et un sentiment de terreur absolu l’envahit. Elle se dit: » Ne crie pas, garde ton calme et n’ai pas peur, tout va bien. »
Ces traces étranges n’étaient pas le seul souvenir inexplicable que leur avait laissé leur rencontre avec l’ovni. Leurs montres à cristaux liquides s’étaient toutes les deux arrêtées au même moment, le pantalon de Barney était rempli de brins d’herbes coupés, ses chaussures complétement ruinées et la bande de cuir qui entourait la paire de jumelles était cassée. Quand à nouvelle robe bleue de Betty, elle était déchirée en trois endroits, dont à la fermeture éclair. Barney était revenu de voyage avec d’étranges excroissances vénériennes qu’il avait tout d’abord pris pour des verrues mais qui n’en étaient pas. Son médecin n’allait pas parvenir à déterminer leur nature et ces excroissances allaient être brûlées pour des raisons esthétiques.
Écoutant les conseils qui lui avaient été donnés, Betty téléphona à la base militaire de Newington le 21 septembre. Les Hill donnèrent à l’officier qui les interrogea une description générale de l’engin et Barney omit volontairement de signaler les humanoïdes qu’il avait aperçus, craignant qu’on ne le prenne pour un » cinglé « . Un peu plus tard, le même jour, le major Paul W. Henderson téléphona aux Hill et leur posa de nombreuses questions. Il interrogea tout d’abord Betty et demanda ensuite à parler à Barney, qui rechigna à répondre. Après avoir raccroché, Barney confia à Betty que le major ne semblait manifester aucune surprise ni aucune incrédulité. Il prenait leurs affirmations très au sérieux, laissant à penser que l’Armée de l’Air connaissait déjà l’existence des soucoupes-volantes. Barney et Betty ignoraient alors qu’au cours de la même nuit, les militaires avaient eux-aussi repéré un ovni sur leurs radars. Malgré tout, quand l’armée rendit son rapport officiel, en novembre 1961, celui-ci sous-entendait que Betty avait confondu la planète Jupiter avec un vaisseau spatial et que son mari s’était laissé entrainer dans son délire.
Delsey, leur teckel, avait développé une infection fongique de l’épiderme et diverses maladies respiratoires. Les Hill avaient adopté ce chien six semaines auparavant, aussi ne connaissaient-ils pas son passé médical mais depuis leur retour elle se montrait nerveuse et particulièrement agitée. Betty éprouvait une nouvelle curiosité pour tout ce qui se rapportait aux ovnis. Cherchant à approfondir le sujet, elle se rendit-elle à la bibliothèque de Portsmouth le 23 septembre 1961 et elle y emprunta un ouvrage du major Donald Keyhoe, Directeur de la Commission Nationale d’Enquête sur les Phénomènes Aériens.
Dans ce livre le major expliquait que le gouvernement faisait systématiquement disparaitre les informations ayant traits aux Objets Volants Non Identifiés. Il disait également que de nombreuses personnes rapportaient avoir vu des soucoupes-volantes et il invitait ses lecteurs à contacter le NICAP, le Comité National d’Investigation des Phénomènes Aériens, si eux-mêmes avaient été témoins d’une quelconque manifestation. La pensée de ne pas être les seuls à avoir vu quelque chose rassura un peu les Hill et Betty décida d’écrire une lettre pour expliquer leur expérience, plus particulièrement celle de Barney, qui avait vu des silhouettes aux fenêtres.
Une dizaine de jours après la rencontre, Betty se mit à faire des cauchemars. Elle se voyait dans la voiture avec Barney, mais lorsque la série de bip résonnait à l’arrière du véhicule, ils étaient capturés par d’effrayantes créatures aux grands yeux de chat et embarqués de force sur le vaisseau spatial. Au début, elle tenta de les oublier mais ces rêves lui semblaient si réels qu’au mois de novembre elle décida de les noter sur du papier à lettres, espérant ainsi soulager ses angoisses. Si Betty pensait que ses rêves lui laissaient entrevoir une vérité, Barney croyait qu’ils n’étaient rien de plus que des cauchemars et refusaient d’envisager une autre possibilité.
Le 17 octobre 1961, Richard Hall, secrétaire de la NICAP, répondait à la lettre de Betty, l’informant que le Major Keyhoe lui écrirait plus longtemps mais qu’il souhaitait qu’ils sachent que leurs témoignages avaient fortement impressionné l’association qui préparait une enquête et qu’ils seraient bientôt contactés par leur unité d’enquête de Boston, probablement par Mr. Walter Webb. Quatre jours plus tard, le 21 octobre 1961, Walter Webb lançait l’enquête préliminaire, rencontrant les Hill à leur domicile et les interrogeant individuellement pendant plus de six heures.
Dans son rapport « Une spectaculaire rencontre ovni dans les Montagnes Blanches « , Webb indiquait que les témoignages des Hill semblaient tout à fait concluants et que les taches sur leur voiture confirmaient leurs affirmations. Peu de temps après, Robert Hohmann et C.D. Jackson, deux membres du NICAP qui avaient eu connaissance du dossier au cours d’un diner, écrivirent aux Hill afin de vérifier, disaient-ils, une théorie sur l’origine des ovnis. Lors d’une réunion qui se tint le 25 novembre 1961, ils posèrent de nombreuses question très précises à Betty et à Barney, les amenant, sans le vouloir, à prendre conscience d’un fait troublant.
Dans la matinée du 20 septembre, les Hill avaient remarqué être arrivés plus tard que prévu, mais ils n’y avaient accordé aucune attention à ce » détail « . D’après leurs calculs, il manquait deux ou trois heures à leur emploi du temps, et ils pensaient que leur » amnésie » concernait les événements survenus après avoir aperçu l’orbe près de la route. Au cours de cette réunion, était également présent l’un des amis de Barney, le major James MacDonald, un ancien agent des renseignements de la CIA qui travaillait autrefois dans l’Armée de l’Air. En entendant leur théorie sur les heures manquantes, le major McDonald suggéra alors aux Hill de considérer l’hypnose pour découvrir la vérité, et Hohmann approuva cette idée. Betty, qui était parvenue à constituer un scénario de ses rêves récurrents, croyait qu’ils reflétaient l’enlèvement dont ils avaient été victimes mais Barney n’adhérait toujours pas à cette hypothèse. Il se montrait également récalcitrant à propos de l’hypnose, mais si elle parvenait à chasser les cauchemars de Betty, alors il voulait bien essayer.
Suivant les conseils de leurs visiteurs, Betty et Barney entreprirent des voyages répétés dans les White Mountains pour tenter de stimuler leur mémoire mais leur esprit semblait toujours se heurter au même blocage. Peu de temps après, alors qu’ils rentraient chez eux, les Hill découvrirent un tas de feuilles brunes au centre de la table de leur cuisine. Ils vérifièrent toutes portes et les fenêtres, mais rien ne laissait supposer que quelqu’un soit rentré dans la maison en leur absence. De retour dans la cuisine, ils entreprirent de jeter les feuilles mais alors qu’elles se séparaient, Betty et Barney eurent soudain le souffle coupé: dessous, étaient dissimulées les boucles-d’oreilles de Betty, celles qu’elle avait emportées lors de leur voyage au Canada et qui allaient si bien avec sa robe bleue. Depuis le 19 septembre, Betty n’avait pas remarqué leur absence et elle en eut les larmes aux yeux. Quand ils racontèrent l’incident à leur famille, celle-ci s’inquiéta pour leur sécurité et il fut bientôt décidé d’installer des serrures à pêne afin d’empêcher de nouvelles visites.
Les Hill se demandèrent alors si quelque agence gouvernementale, l’Armée de l’Air ou la CIA, n’était pas responsable du retour de ces boucles-d’oreilles. Une fois, en décrochant le téléphone, Betty avait entendu » base de renseignement » et ce qui les avait alertés de cette éventualité mais, pour éviter de paraitre paranoïaques, ils avaient décidé de taire cet incident.
Au cours des derniers mois, Betty et Barney avaient changé. Ils étaient devenus extrêmement anxieux quand ils roulaient en voiture, surtout la nuit, et le moindre incident, même anodin, pouvait les faire basculer dans la terreur. Pensant que recouvrer la mémoire atténuerait leurs angoisses, en 1962, les Hill demandèrent à deux hypnotiseurs de les aider, mais les deux refusèrent, leur expliquant qu’il était trop dangereux de tenter un hypnotisme dans de telles conditions et leur conseillant de laisser plutôt les souvenirs remonter naturellement à la surface. Depuis cette fameuse nuit de septembre, la santé de Barney se détériorait. Il était victime de tension artérielle, de maux de tête, d’insomnie et d’un ulcère récalcitrant. En juin 1963, constatant que ses affections résistaient à tous les traitements et qu’il semblait particulièrement stressé, le médecin traitant de Barney lui conseilla de consulter le Dr Stevens, un psychothérapeute qui officiait dans le même bâtiment que lui.
Barney s’entendait bien avec le Dr Stevens et il avait entrepris une psychothérapie qui allait dans le bon sens mais malgré cela, son état général laissait la médecine perplexe et son ulcère le faisait tout autant souffrir. Durant tout l’été la santé de Barney continua à décliner si bien qu’il dut bientôt prendre un congé de 3 mois. Il était toujours suivi par son médecine et son psychiatre, mais rien ne semblait pouvoir améliorer ses problèmes. Vers la fin de l’automne 1963, Barney et Betty connurent de brusques mais partiels retours de mémoires. Barney tentait d’insister pour lever le blocage qu’il sentait dans son esprit et toute sa famille l’aidait, stimulant sa mémoire. Un jour, dans un moment d’intense émotion, il hurla à tous les détails classiques d’un enlèvement. Il décrivit les hommes sur la route qui lui faisaient signer de s’arrêter en balançant les bras dans un mouvement de pendule, son moteur qui s’éteignait brusquement et les hommes qui commençaient à s’approcher de la voiture dans un étrange déhanchement inhumain.
A sa séance suivante, Barney évoqua les terribles angoisses que lui donnaient son amnésie et les cauchemars de Betty puis il interrogea le Dr Stevens au sujet de l’hypnose. Ce dernier lui conseilla alors de s’adresser au Dr Benjamin Simon, le meilleur hypnothérapeute de la région.
Dr Benjamin Simon
Le 3 Novembre 1963, les Hill, qui avaient été invités, croyaient-ils, à assister à une conférence sur les ovni, comprirent au dernier moment qu’ils étaient en fait prévus comme orateurs et pour la première fois ils racontèrent publiquement leur histoire, à Quincy Center, dans le Massachusetts.
Le 14 décembre 1963, Betty et Barney eurent leur première consultation avec le Dr Simon. S’il se montrait sceptique quand aux ovnis et aux extraterrestres, il était néanmoins d’accord pour travailler avec eux afin d’améliorer les problèmes de santé de Barney et d’aider Betty à trouver la raison de ses cauchemars. Le Dr Simon conditionna ses patients durant trois semaines avant d’entamer les séances d’hypnose régressive individuelles le 22 février 1964. Le psychothérapeute dirigeait les régressions de Barney et Betty séparément, dans des pièces insonorisées, afin qu’ils ne puissent rien entendre de leurs souvenirs réciproques, et à la fin de chaque session, il rétablissait l’amnésie, pour leur éviter tout traumatisme supplémentaire. Durant cette période, le Dr Simon testa continuellement son hypothèse soutenant que Barney avait » absorbé » les rêves de Betty pour combler la période de temps manquante et il tenta régulièrement de les convaincre que leurs souvenirs n’étaient pas réels mais, même hypnotisés, Betty et Barney restaient inébranlables, insistant toujours sur le fait qu’ils revivaient une expérience réelle.
Au cours de leurs premières séances les Hill se montrèrent très émotifs. Barney fermait souvent les yeux, son visage reflétait la peur, l’incrédulité, et des larmes coulaient parfois sur les joues de Betty qui semblait en grande détresse émotionnelle.
Sous hypnose, Barney se souvint avoir déchiré la sangle de ses jumelles alors qu’il courait vers sa voiture. Puis, après être remonté dans son véhicule, il avait tenté de s’éloigner de l’ovni mais il s’était brusquement senti obligé de tourner à gauche, sur une petite route qui s’enfonçait dans les bois. Il avait roulé quelques temps puis la voiture s’était brusquement arrêtée et une voix avait résonné dans sa tête, lui disant de rester calme et lui assurant qu’aucun mal ne lui serait fait. Sur la route, six humanoïdes semblait les attendre et derrière eux, la pleine lune éclairait un grand vaisseau ovale posé sur le sol d’une petite clairière. Une échelle en descendait. Celui qui semblait être leur chef avait alors ordonné à Barney de fermer les yeux et là il avait eu une curieuse sensation: » Je sentais comme si des yeux avaient poussé dans mes yeux. »
Dessin du chef réalisé sous hypnose par Barney
De son côté, Betty était terrifiée, elle secouait Barney, lui répétant: » Barney! Barney! Réveille-toi! » Après les avoir fait descendre de voiture, les humanoïdes les avaient entrainés vers l’engin mais alors qu’ils s’en approchaient Betty s’était brusquement affolée et elle avait refusé d’avancer. Le chef lui avait alors parlé, fermement mais doucement, lui assurant qu’elle n’avait aucune raison d’avoir peur. A ce moment-là, elle avait haussé les épaules. Apparemment, elle n’avait pas le choix, donc autant en finir. Le vaisseau ne présentait aucune fenêtre et aucune lumière et Betty avait l’impression qu’ils se trouvaient à l’arrière de l’engin. Puis, en arrivant à la rampe d’accès, une pensée s’était brusquement imposée à elle: elle ne savait pas où ils l’emmenaient mais elle ne voulait pas y aller. Betty avait alors commencé à se débattre, mais ses ravisseurs la tenaient fermement et sa rébellion avait été vaine. Dans la lutte, elle avait déchiré sa robe puis, regardant devant elle, elle avait aperçu Barney rentrer dans le vaisseau, et elle avait abandonné.
Barney, de son côté, avait tenté de les combattre un moment mais ils avaient sur lui une sorte de contrôle. Il ne tenait même pas sur ses jambes et trois des créatures le portaient, laissant ses chaussures racler le goudron. Une fois à bord, Betty et Barney avaient été séparés. Comme il n’y avait qu’un seul » médecin « , ils avaient été examiné l’un après l’autre.
Barney avait été le premier. Les humanoïdes l’avaient escorté jusqu’à une salle éclairée par des lumières indirectes qui semblaient briller à travers les murs et le plafond. Dans cette pièce se trouvait une grande table, une table d’examens ou d’opérations. Barney s’était allongé dessus et il avait fermé les yeux, refusant de voir ce qui allait se passer. Il avait d’ailleurs gardé les yeux fermés la plupart du temps. Là, il avait senti que son pantalon et ses chaussures lui étaient enlevées puis ses ravisseurs l’avaient retourné et ils lui avaient mis quelque chose dans son rectum, un objet qui ressemblait à un tube très fin. Ils avaient ensuite retiré l’objet et ils avaient regardé son dos, semblant compter les vertèbres de sa colonne. Dans la salle, Barney entendait un bruit sourd, comme bourdonnement rapide, qui faisait mum… mum… mum… Puis les humanoïdes l’avaient retourné une nouvelle fois et Barney avait senti des doigts ouvrir sa bouche et la refermer. Des hommes étaient ensuite arrivés, il avait entendu des bruissements sur le côté gauche de la table et quelque chose, qui ressemblait à un petit bâton, avait légèrement gratté son bras. Puis ces hommes étaient repartis et Barney était resté avec les deux qui l’avaient amené à bord et l’autre qui semblait les suivre. Du moins le supposait-il. Il y avait plus d’une personne dans la pièce, mais un seul tournait sans arrêt autour de lui. Ils avaient également inspecté ses oreilles, semblant particulièrement intéressés par leur structure osseuse.
Barney avait également eu le sentiment qu’une matière étrange avait été placée sur ses parties génitales. Une substance qui semblait posséder son propre corps mais qui n’avait entrainé chez lui aucune réaction. Il avait pensé alors qu’ils lui prenaient un échantillon de sperme. Finalement, les hommes avaient prélevés des spécimens de chaque orifice de son corps.
De son côté, Betty avait été amenée dans une autre pièce où se trouvait une table rectangulaire de métal clair, apparemment une sorte de table d’auscultation. Mais alors qu’elle attendait son tour, discutant avec le chef, soudain il y avait eu du bruit dans le couloir et des hommes étaient arrivés, très excités. Immédiatement, Betty avait demandé au chef s’il était arrivé quelque chose à Barney mais avant que ce dernier ne réponde, un humanoïde lui avait ouvert la bouche, avait regardé ses dents et s’était mis à leur tirer dessus. Betty s’était alors étonnée: » Qu’est-ce qu’ils essaient de faire? « . L’humanoïde qui faisait fonction de médecin lui avait alors répondu qu’ils ne comprenaient pas pourquoi les dents de Barney venaient et pas les siennes. Betty, qui savait que son mari était particulièrement sensible à ce sujet, avait alors rigolé en pensant qu’il allait être en colère. Le chef lui avait demandé le pourquoi de l’appareil de Barney, et Betty avait tenté de le lui expliquer mais le chef semblait tout ignorer du processus de vieillissement et n’avoir, de manière surprenante, aucune notion du temps du passe.
L’examen de Betty ressemblait globalement à celui de Barney. Les humanoïdes avaient retroussé la manche de sa robe bleue, ils avaient regardé son bras puis ils avaient amené une machine, quelque chose comme un microscope avec un objectif et ils avaient pris une photo de sa peau. Le médecin et le chef avaient regardé à travers la machine puis ils avaient parlé entre eux mais Betty ne comprenait pas ce qu’ils disaient. Après quoi, ils avaient pris un objet ressemblant à un ouvre-lettre et ils avaient gratté son bras pour en prélever un peu de peau puis ils avaient déposé cet échantillon dans un petit morceau de cellophane et l’avaient regardé au microscope, ce qui avait semblé les enthousiasmer. Le médecin avait ensuite examiné ses yeux, sa gorge, ses dents puis, s’emparant d’un tampon ou d’un coton-tige, il l’avait introduit dans son oreille gauche. Il avait également inspecté sa nuque, ses cheveux, en prélevant même quelques exemplaires, son cou, ses épaules, ses pieds et ses mains. A ce moment-là, Betty avait fermé les yeux pour tenter de calmer son angoisse et elle avait deviné en sentant un objet se glisser sous son ongle qu’ils lui en prenaient un morceau.
Le médecin lui avait alors fait savoir qu’il souhaitait effectuer quelques tests simples. Le premier devait leur fournir des informations sur le système nerveux. Pour ce test, Betty avait alors du enlever sa robe et se coucher à plat dos sur une table. Le médecin s’était ensuite approché d’elle avec ce qui semblait être un faisceau d’aiguilles et l’avait touchée du bout de ces aiguilles à différents endroits du corps, sur la colonne vertébrale, derrière les oreilles, sur la tête, les bras et les jambes. Au bout de chaque aiguille, se trouvait un fil et » une sorte de gadget » qui rappelait à Betty une télé grand écran. Sur cet écran, apparaissaient différentes sortes de lignes. L’examen avait été totalement indolore. Pour le dernier test, l’examinateur s’était saisi d’une très longue aiguille de 10 ou 15 cm et l’avait enfoncé dans le ventre de Betty. Il ne l’avait pas laissée bien longtemps, mais la douleur avait été si intense que Betty, qui avait eu l’impression de recevoir un coup de couteau dans la ventre, avait gémi de douleur. Surpris, le médecin avait tourné la tête pour la regarder mais le chef s’était alors penché sur elle puis, agitant une main devant les yeux de Betty, il avait fait disparaitre instantanément toute trace de douleur. L’hypnose laissait apparaitre qu’elle était restée traumatisée de cette expérience.
Une fois les examens terminés, le médecin avait quitté la salle, la laissant seule avec le chef. Betty lui était reconnaissante d’avoir arrêté la douleur et, comme elle se sentait en confiance, elle avait tenté d’entamer le dialogue, lui expliquant que son expérience était si hallucinante que jamais personne ne la croirait. Puis elle lui avait déclaré que la plupart des gens ne savaient même pas qu’ils existaient, ajoutant qu’elle avait besoin d’une preuve pour la ramener chez elle. Le chef lui avait alors dit de regarder autour d’elle et de choisir ce qu’elle désirait emporter. Avisant un assez gros livre sur une armoire, Betty avait alors demandé si elle pouvait l’avoir. Le chef lui avait dit de regarder à l’intérieur, et elle y avait vu des sortes de lignes courtes qui montaient ou descendaient, certaines minces, certaines épaisses, des spirales et des sortes de points.
Quand il lui avait demandé si elle pensait pouvoir le lire, Betty avait répondu qu’elle voulait juste une preuve qu’elle et Barney avaient bien rencontré des gens d’une autre planète et le chef lui avait dit qu’elle pouvait le prendre. Betty était ravie, c’était bien plus que ce qu’elle n’espérait.
Cette question étant réglée, Betty avait interrogé le chef sur l’emplacement de sa planète. Là, il lui avait demandé si elle connaissait l’univers et elle avait répondu que non, qu’elle ne savait que ce qu’elle avait appris à l’école. Le chef avait alors traversé la pièce, il avait tiré une carte d’une fente dans le mur puis, l’étalant sur une table, il lui avait demandé si elle avait déjà vu quelque chose de semblable auparavant. Betty s’était penchée sur la table, regardant les points de tailles variables dont certains étaient reliés entre eux par des lignes courbes ou droites. Interrogé sur ces lignes, le chef lui avait expliqué que certaines étaient des lignes commerciales, et d’autres des expéditions. Quand elle lui avait demandé de désigner sa planète d’origine, le chef lui avait rétorqué de lui montrer la Terre. Betty s’était alors mise à rire, et lui avait avoué qu’elle ne savait pas et là, il avait alors dit: » Si vous ne savez pas où vous êtes, il n’y a aucun intérêt à vous dire d’où je suis. »
Carte du ciel dessinée par Betty
Un peu plus tard, alors qu’elle attendait dans le couloir près de la salle d’examen, Betty avait croisé une autre créature. Sous hypnose, elle décrivit cette rencontre ainsi: » Il n’arrête pas de me regarder, me toisant. J’ai envie de le frapper pour lui montrer que je n’ai pas peur de lui. Il m’effraie. Si je le frappe, il saura que je n’ai pas peur de lui. » Alors qu’elle quittait le vaisseau, le visage de l’humanoïde semblait plein de colère. Sa voix s’était alors élevée et il lui avait pris le livre qui devait lui servir de preuve de son enlèvement. Son comportement autoritaire avait obligé Betty à repenser à son interprétation de la structure sociale du groupe. Cet humanoïde était probablement le véritable chef, ou un militaire ayant une quelconque autorité, et celui qu’ils avaient pris pour le chef était plutôt un interprète ou quelque chose de semblable.
Betty avait alors rejoint Barney qui l’attendait dans la voiture, puis leurs ravisseurs leur avait affirmé qu’ils ne se souviendraient plus de rien après leur départ et ils les avaient laissés là. Dans un état second, les Hill avaient alors regardé le vaisseau disparaitre dans l’obscurité et ils étaient rentrés chez eux.
D’après les descriptions de Betty et Barney, les humanoïdes étaient vêtus d’un uniforme noir brillant. De petites tailles, leur structure crânienne était particulièrement développée, leurs visages plats, ils possédaient de grands yeux penchés qui s’étiraient sur le côté comme des yeux de chat, de larges joues, un petit menton, un petit nez plat, une mince fente pour la bouche et deux trous faisaient office d’oreilles. Quand ils ouvraient leurs bouches édentées une membrane pouvait être observée et cette membrane semblait flotter quand ils communiquaient entre eux avec ce langage qui ressemblait à un bourdonnement. Bien que leurs iris soient immenses, la petite zone blanche avait une teinte jaunâtre et ils ne semblaient jamais cligner des yeux. Leurs crânes étaient chauves et leur peau avait la couleur grise de l’aluminium. Leurs mains présentaient au moins quatre doigts et un pouce, courts et boudinés, mais aucun ongle n’était visible. Deux jambes grêles supportaient leurs torses particulièrement larges. Quand ils évoluaient à l’extérieur, ils semblaient tanguer et leur démarche, tout comme leur équilibre, paraissaient quelque peu incertains.
Le médecin était un peu plus grand que les autres, il devait faire dans les 1m40. La forme de son crâne se rapprochait plus du notre et elle semblait proportionnelle à celle de son corps. Les traits de son visage ressemblaient à celui des plus petites créatures, mais il présentait un aspect bosselé difficile à décrire.
Le chef était agréable à regarder. Son visage était de forme triangulaire, conique vers le bas, avec un très petit menton, une petite bouche, une petite mâchoire et un petit nez. Sa taille était semblable à celle de Betty, dans les 1m50.
Représentation d’un alien par David Baker
Au cours d’une séance, Barney décrivit les vocalisations de ses ravisseurs, notant que leurs voix étaient tremblantes et que leur langage sonnait comme cela: » oh-oh-oh-oh-oh « . Ils ne parlaient pas vraiment, semblant juste émettre des sons quand ils communiquaient entre eux. Jamais il n’avait entendu un tel bruit auparavant. Mais parfois, quand ils s’adressaient à lui ou à Betty, certains s’exprimaient en anglais.
En avril 1964, les Hill furent délivrés de leur amnésie par le Dr Simon et leurs souvenirs furent étudiés grâce à l’aide de la psychothérapie individuelle jusqu’au 27 juin. Au cours des diverses séances, les cauchemars de Betty avaient été comparés à ses descriptions sous hypnose et il en était ressorti que les deux versons de l’enlèvement étaient très proches mais qu’elles présentaient néanmoins des différences notables. Le Dr Simon n’avait plus aucune certitude. Il affirmait que Betty et Barney n’avaient pas inventé leur histoire, qu’ils y croyaient, mais il ne savait pas si cette rencontre avait vraiment eu lieu. Le Dr Simon et les Hill étaient devenus proches et ils restèrent en contact par la suite. Ils s’envoyaient des lettres, se téléphonaient et se voyaient régulièrement. Leurs souvenirs leur ayant été rendus, les cauchemars de Betty s’arrêtèrent, tout comme les angoisses de Barney et ils purent retourner à leur vie. Parfois ils discutaient de leur rencontre avec leurs amis, leur famille ou des ufologues, sans jamais chercher la notoriété.
Le 25 octobre 1965, le Boston Traveler fit paraitre en première page de son journal un article dont le titre était: » Ufo Chiller: Did THEY size couple? » Les renseignements leur avaient été transmis par le journaliste John H. Luttrel qui avait fourni une cassette audio de la conférence des Hill en 1963 et des notes confidentielles de leurs entrevues avec le Dr Simon. Le 26 octobre, l’United Press International reprit l’article et Betty et Barney devinrent mondialement connus. Quelques temps plus tard, des détracteurs commencèrent à mettre en doute leur rencontre. Certains prétendirent qu’ils avaient été influencés par des feuilletons télévisés, d’autres affirmèrent que leur récit n’était qu’une » histoire inventive crée par l’esprit d’un fanatique d’ovni » et des psychiatres suggèrent que leur enlèvement n’était qu’une hallucination due au stress engendré par leur statut de couple mixte.
En 1966, l’écrivain John G. Fuller réussit à obtenir la coopération des Hill et du Dr Simon et il écrit The Interruped Journey, un livre sur leur enlèvement. Ce livre comprenait une copie de la carte des étoiles esquissée par Betty et, très rapidement, il connut un énorme succès.
Betty et Barney tenant le livre The Interruped Journey
En 1968, Marjorie Fish habitait Oak Harbor, dans l’Ohio. Elle était enseignante d’école primaire et astronome amateur. Intriguée par la carte de Betty, et supposant que l’une des quinze étoiles représentait le soleil, elle construisit un modèle en trois dimensions à l’aide de fil et de perles et en déduisit que la carte avait dessinée depuis le système de Zeta Reticuli. Cette théorie eut de nombreux détracteurs et quelques partisans.
En 1993, Joachim Koch et Hans-Jûrgen Kyborg, deux allemands, suggérèrent que la carte dépeignait des planètes du système solaire et non des étoiles proches. Les objets de la carte, disaient-ils, correspondaient étroitement aux positions du Soleil, aux six planètes intérieures à et à plusieurs astéroïdes tels qu’ils se présentaient au moment de l’incident. Cette hypothèse rejoindrait les autres témoignages, où des représentations semblables auraient été montrées aux victimes lors de leurs enlèvements.
En 2007, Kathleen Marden, la nièce de Betty, écrivit un livre sur l’enlèvement de Betty et de Barney: Captured! The Betty and Barney Hill UFO Experience.
Si Barney admit avoir été enlevé après ses séances d’hypnose, jamais il n’accepta véritablement cette idée. Betty, qui le vivait beaucoup mieux, se passionna pour l’ufologie et elle participa à de nombreuses rencontres sur le sujet, ce que certains lui reprochèrent assez durement. Le 25 février 1969, Barney mourut d’une hémorragie cérébrale, à 46 ans. Betty s’éteignit en 2004, des suites d’un cancer, à l’âge de 85 ans.